Certaines communications recoupent les préoccupations du CIREMM
Une rencontre autour de l’irreprésentable exige aujourd’hui de confronter cette question, d’abord et avant toutes : y a-t-il de l’irreprésentable ? Peut-il y avoir quelque chose comme de l’irreprésentable ? Pouvons-nous l’imaginer ? Le penser ? En parler ? L’écrire ? L’irreprésentable est-il fatalement ou nécessairement rattrapable dans l’ordre ou les contours de la représentation ? Y aurait-il quelque chose s’exceptant toujours, se retirant déjà, se dissimulant donc de toute expérience, de toute présentation ou exposition, de toute représentation et qui se donnerait comme l’irreprésentable ? En somme, nous nous heurtons à une certaine reformulation de la question traditionnelle de la pensée occidentale : l’irreprésentable est-ce quelque chose ou bien n’est ce rien ?
Or l’irreprésentable ouvre peut-être à une tout autre approche. Celle non plus de chercher à s’enquérir de sa signification foncière ou du sens de son « être », mais bien plutôt, en détournant le questionnement de sa visée première, forcer la pensée à se tenir à la limite du pensable, du représentable et exiger d’elle une tâche paradoxale : s’exposer tout entièrement à ce qui lui arrive sans ne jamais inscrire l’événement dans son horizon de compréhension propre. La pensée se voit ainsi obligée de se mesurer au « tout autre » de ce qui peut s’y déterminer.
Ainsi, nous ne saurions confiner l’irreprésentable à un domaine particulier ; le psychanalytique, l’historique, le socio-politique, l’architecture, le film, le théâtre, la photographie, etc. L’irreprésentable s’immisce en chacun de ces domaines en entourant, intervertissant, démantelant, chaque fois singulièrement, les visées, les anticipations, les signifiants de leurs logiques. Cette impossibilité de circonscrire l’irreprésentable à un domaine propre est, peut-être, ce qui nous amène aussi à l’approcher par l’art ou la philosophie – c’est-à-dire, là où, une puissante déterritorialisation de la visée intentionnelle advient et met en jeu par là-même l’hypothèse d’une percée inédite de toutes formes possibles de présence ou de mise en présence.
Nous pourrions ainsi rassembler toutes ces interrogations en une question directrice : peut-on justement et dignement représenter l’irreprésentable, ou alors, sommes-nous confrontés à une singulière impossibilité quant à la représentation après le génocide arménien, la Shoah, les guerres coloniales et la torture, Hiroshima, le Goulag, le Rwanda… ? Allons à la limite de cette question : dans quelles limites l’art peut-il ici s’exprimer ?
Nous réunirons philosophes, artistes, cinéastes, metteurs en scène, historiens, littéraires, théoriciens de l’art et commissaires d’expositions afin, tout d’abord, de mesurer tous les enjeux de ces questions à l’aune de notre monde contemporain, puis d’ouvrir à un débat multiple où toutes les « positions » quant à la possibilité ou l’impossibilité de « représenter l’irreprésentable » puissent être avancées et disputées.
Samedi 5 décembre 2015
10h
Ouverture
Représenter l’Irreprésentable ?
Joseph Cohen, Jacqueline Frydman, Raphael Zagury-Orly
10h30 – 12h30
L’Irreprésentable en psychanalyse
Anne Dufourmantelle : « Au secret »
Stéphane Habib : « Représenter l’irreprésentable : une longue histoire de la psychanalyse et du politique »
Richard Rechtman : « Remarques sur les narrations fragmentées post génocidaires »
12h30 – 14h30 : Déjeuner
14h30 – 16h
L’Irreprésentable au cinéma
Marie-Aude Baronian : « Images-prothèses, Images à venir »
Alain Fleischer : « Quand ça tourne autour: Spielberg, Benigni, Nemes »
16h – 16h30 : Pause
16h30 – 18h30
L’Irreprésentable en philosophie
Emmanuel Alloa : « Pourquoi il n’y a pas d’irreprésentable ou : De la confusion des genres »
Raphael Zagury-Orly : « L’Irreprésentable, ce n’est pas rien »
Joseph Cohen : « Impératifs de l’Irreprésentable »
18h30 – 19h : Pause
19h – 20h30
Conférence
Catherine Coquio : « Auschwitz a mis la littérature en suspens »
Dimanche 6 décembre 2015
10h30 – 12h30
L’Irreprésentable en architecture
Jean-Louis Cohen : « L’architecture des mémoriaux, entre représentation et abstraction »
Bernard Tschumi : « Diagrammes et séquences : Modes de représentations »
Adachiara Zevi : « Monuments by Defect »
12h30 – 14h : Déjeuner
14h – 16h
L’Irreprésentable en art
Marie-Josée Mondzain : « Figurer l’indescriptible »
Jean-Jacques Lebel : « Peindre l’irreprésentable? »
Jochen Gerz : « La certitude et le rôle du temps »
Miroslaw Balka : « RMMBRNC »
16h – 16h30 : Pause
16h30 – 17h30
Conférence
Yannick Haenel : « L’instant impossible »
17h30 – 17h45 : Pause
17h45 – 19h
L’Irreprésentable au théâtre
Arthur Nauzyciel
Miroslaw Balka
19h – 19h30 : Pause
19h30 – 21h
Conférence
Gérard Wajcman : « Voir le rapport sexuel »
Jean-Claude Milner : « Irreprésentable et métaphore, réflexions sur la métamorphose »