L’ampleur des spoliations de bibliothèques effectuées par les forces nazies durant la Seconde Guerre mondiale a été durablement sous-estimée. En France seulement, au moins 5 millions de livres et documents graphiques ont été volés à leurs légitimes propriétaires : ministères, bibliothèques slaves, personnalités des milieux radicaux, socialistes et communistes, francs-maçons.
Mais c’est surtout leur lien originaire avec l’antisémitisme nazi qui fait la spécificité première des spoliations nazies. À partir de la mi-1942, accompagnant la mise en place de la « solution finale », les saisies touchent des millions de familles juives, dont la culture doit être détruite.
Derrière le rideau de fer, les spoliations nazies sont devenues des « trophées de guerre ». En Europe de l’Ouest, malgré les opérations de restitution mises en œuvre après-guerre, nombre de bibliothèques spoliées n’ont pas, jusqu’à aujourd’hui, été restituées à leurs légitimes propriétaires, lorsqu’ils ont survécu, ou à leurs rares descendants.
Où sont les collections qui n’ont pas été restituées ? Quelles furent leurs errances forcées ? Quels usages ont été faits de ces documents ? Quel tableau dresser de cette Europe du livre en partie perdue ? Pourra-t-on, un jour, reconstituer ces bibliothèques ?