Emmanuel Alloa compare dans ce texte, « Le geste enfoui », issu du volume collectif Cambodge, le génocide effacé (sous la direction de Pierre Bayard et Soko Phay-Vakalis, Paris, Cécile Defaut, 2013), les œuvres et les conceptions du cinéma de Claude Lanzmann et de Rithy Panh.
Nous remercions Cécile Defaut d’avoir autorisé à publier des chapitres sur le site du CIREMM.
Conférence « Mémoire des camps, mémoire des corps. » Shoah de Claude Lanzmann et S 21 de Rithy Panh », avec Rithy Panh et Emmanuel Alloa
dans le cadre du séminaire « L’Image témoin : l’après-coup du réel », sous la direction d’Emmanuel Alloa et de Sara Guindani, en collaboration avec le département d’Arts Plastiques de l’Université Paris 8.
Auditorium du Jeu de Paume – le 22 mars 2013
Sur la destruction des juifs d’Europe, Claude Lanzmann a créé avec Shoah, tourné entre 1976 et 1981, une œuvre-monument qui reste à ce jour inégalée. Avec son film S21. La machine de mort des khmers rouges (2003), le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh a créé une œuvre qui a été, avec raison, décrite comme l’équivalent de Shoah pour la tragédie cambodgienne. À plus d’un titre, en effet, les procédés des deux réalisateurs sont proches, puisqu’il s’agit de faire émerger les souvenirs enfouis en faisant revenir les acteurs (détenus et bourreaux) sur les sites du crime. Claude Lanzmann a théorisé cette approche dans un texte-manifeste intitulé “La parole et le lieu”, expliquant que si le lieu souvent ne gardait plus aucune trace visible de l’extermination, celui-ci peut en revanche mettre en mouvement un travail de mémoire : là où il n’y a rien à voir, il y a tout à entendre.