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« Arts et postmémoire au Rwanda » (2014-2016)

01.01.2014 Pierre Bayard,Soko Phay Programme de recherche imprimer l'article

Responsables scientifiques : Pierre Bayard et Soko Phay

Partenaires : Université Paris 8, Labex Arts H2H, IDEFI CréatiC, Centre Iriba pour le patrimoine multimédia, Institut Français (Fonds d’Alembert), Université Paris Ouest, Rwanda Arts Initiative, Institut Universitaire de France (dotations de Pierre Bayard, de Lionel Ruffel et d’Annette Becker).

Ce projet s’inscrit dans le prolongement du programme « Art et postmémoire au Cambodge », qui s’est déroulé entre 2008 et 2013. Il vise comme le premier, dans le cadre d’un dispositif appelé « ateliers de la mémoire », à articuler création artistique et réflexion théorique en prenant comme exemples les grands génocides du 20e siècle et en portant un intérêt particulier à leurs effets sur la génération suivant celle des victimes. Alors que le premier projet concernait le génocide cambodgien et privilégiait des œuvres plastiques, le second concernera le génocide des Tutsi rwandais et privilégiera des œuvres écrites – qui pourront être l’objet de performances –, sans exclure que soient également réalisées des œuvres picturales, photographiques ou sonores.

Notre idée est donc de transposer notre expérience du Cambodge au Rwanda, en réfléchissant sur les ressemblances et les différences entre les deux situations.

La situation générale du Rwanda est sensiblement différente de celle du Cambodge. Tout d’abord, le génocide n’y a pas été l’objet d’un processus massif de déni. Bien au contraire, le pays est engagé dans un processus général de mémorisation collective, facilité par les procès internationaux et locaux. Si elle est tout aussi féconde qu’au Cambodge, la notion de postmémoire y joue donc différemment.

Une autre différence tient aux pratiques artistiques en cours. La culture rwandaise est moins sensible aux arts plastiques qu’aux arts de l’écriture et du verbe. Une transposition du dispositif des ateliers de la mémoire implique donc de ne pas recourir à la même activité artistique et de privilégier des modes d’expression plus littéraires, quitte en un second temps à ouvrir ceux-ci vers des performances orales et à ne pas exclure que certains des participants choisissent d’autres formes d’expression, en particulier plastiques.

Une troisième différence tient au cadre même dans lequel nous interviendrons, le Centre Iriba de Kigali, dirigé par Assumpta Mugiraneza. Celui-ci, qui a pris pour modèle le Centre Bophana de Phnom Penh et entend lui aussi devenir un lieu de conservation des archives audiovisuelles, est encore en cours de réalisation. Il sera donc moins facile qu’au Cambodge d’avoir accès aux archives sur lesquelles repose la notion d’atelier de la mémoire.

S’il convient de tenir compte de ces différences, le projet que nous proposons ici s’inscrit dans le prolongement du précédent. Il repose en effet à nouveau sur l’idée d’articuler étroitement création artistique et réflexion théorique. Le but de ces nouveaux ateliers de la mémoire est de parvenir à la création d’une douzaine d’œuvres liées au génocide rwandais. Ces œuvres pourront prendre la forme de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de témoignages, voire d’œuvres plastiques, etc.

Par Pierre Bayard et Soko Phay

Complément d’information :

– Art et postmémoire au Rwanda

Photos des ateliers au Rwanda

Image crédit : Ken Damairu