Conférence « Les desaparecidos d’Argentine : sacralisation et profanation », par Julieta Hanono et Emmanuel Alloa, le 25 octobre 2013, dans le cadre du séminaire « L’Image témoin : l’après-coup du réel », sous la direction d’Emmanuel Alloa et de Sara Guindani, en collaboration avec le département d’Arts Plastiques de l’Université Paris 8.
L’Argentine actuelle est tiraillée entre une politique mémorielle officielle qui sanctuarise une mémoire symbolique, purifiée, et d’autres pratiques artistiques plus singulières, qui visent au contraire à montrer comment le passé empiète en permanence sur le présent, de même que pendant la dictature, les « disparus » existaient, invisibles, à côté ou sous les pieds des vivants. Julieta Hanono, artiste plasticienne et ancienne « desaparecida » de la prison secrète installée à l’intérieur même de la préfecture de police de Rosario, interroge dans ses œuvres la logique du confinement et tout ce qui s’y oppose, c’est-à-dire tous les gestes quotidiens et profanes qui lui permirent, tout au long de sa détention, de garder un lien avec la vie. Aujourd’hui, c’est une autre disparition qui guette : celle des traces matérielles de la détention, pour faire place à des mémoriaux et des musées fixant une mémoire officielle. Face à cette autre « sacralisation », que serait une mémoire profane, quotidienne, créatrice ?