Les Sonderkommandos (« unités spéciales ») d’Auschwitz étaient composées de déportés forcés de travailler dans les chambres à gaz de Birkenau et dans les salles de déshabillage, les fours crématoires et les fosses d’incinération.
Souvent qualifiés de collaborateurs par d’autres prisonniers, les Sonderkommandos étaient des témoins clés du processus d’extermination. Certains ont pu écrire leur récit, d’autres ont même réussi à prendre des photographies. Ces documents et ces écrits, ils les ont fait passer en contrebande à l’extérieur du camp ou les ont enterrés dans l’enceinte des crématoires.
L’expérience et l’histoire des Sonderkommandos ont été des sujets cruciaux dans les débats d’après-guerre sur la Shoah. Leur proximité avec le processus d’extermination a conféré un statut singulier à leur témoignage. Ce sont aussi des figures clés auxquelles il est fait référence dans les discussions sur la collaboration et la résistance, en particulier sur la conceptualisation de ce que Primo Levi a appelé la « zone grise ».
Pourtant, on a pu constater une certaine réticence à réfléchir sur les Sonderkommandos et leur expérience. Mis à part les travaux pionniers d’une poignée d’historiens, ce n’est qu’au cours des dernières années que les chercheurs ont commencé à s’intéresser, de près ou de loin, à leurs écrits..